أتمنى أن تفيدكم هته القصة رائعة عن يوم العلم مع القصيدة

Un 16 avril pour Ben Badis et Jean El Mouhoub Amrouche

Ben Badis et les couleurs de l’Algérie plurielle

Presque soixante-dix ans après la mort du fondateur de l’Association des oulémas algériens, la présentation de la personnalité de Abdelhamid Ben Badis demeure entourée d’un mythe qui mystifie l’homme plus qu’il en vulgarise l’œuvre spirituelle et pédagogique.

La raison se trouve probablement dans ce zèle peu explicable des autorités politiques et des responsables de l’Éducation à sur-baptiser moult infrastructures scolaires et autres rues et même communes au nom de Ben Badis sans qu’un effort de vulgarisation vienne accompagner cette installation de toponymie. Une autre preuve que le réformateur algérien est figé et moulé dans une image d’Épinal stéréotypée est cette indigence iconographique qui limite la photo du personnage à celle placardée sur les murs des écoles et imprimée sur les livres scolaires, une photo à l’âge adulte où le personnage pose son index sur la tempe en signe de profonde réflexion. Pourtant, le fonds archivistique de l’Association des oulémas, y compris dans les différents numéros d’El Baçaïr, comprend des photos où Ben Badis présente un visage jovial, discute avec les gens devant la mosquée et donne des cours d’éducation civique.

À cette figure statufiée que lui ont confectionnée les anciens responsables idéologiques du parti unique, se greffe un autre mythe d’une prétendue “immunité” dont jouit l’Association des oulémas en matière d’analyse historique quant à son rôle dans le Mouvement national. Les observations du professeur Ali El Kenz et de l’historien Mohamed Harbi au sujet du retard du “souffle révolutionnaire” qui grèverait l’histoire de cette association n’ont presque pas droit de cité. Son adhésion tardive à la logique de la guerre de Libération ne figure sur aucun manuel scolaire. Ce ne fut qu’après d’âpres discussions avec Abane Ramdane – au même titre que celles qui ont conduit à l’adhésion des autres composantes telles que le PCA, la tendance Ferhat Abbas… – que l’intégration des membres de l’Association a eu lieu.

Pense-ton rendre service aux oulémas et à leur père, Ben Badis, en jetant un voile sur une partie de leurs parcours ou de leur conduite ? C’est assurément l’effet inverse qui se produit lorsque des élèves découvrent sur d’autres supports, extra-scolaires, des facettes méconnues des héros adulés. Pourtant, le rôle de l’Association des oulémas demeure considérable dans le travail d’enseignement et de sensibilisation. Le mérite des medersas qu’elle initiées est d’autant plus grand que ce sont les adhérents eux-mêmes qui payaient le maître d’école. Ce dernier est à la fois instituteur, imam et éveilleur de conscience. Avec le déclenchement de la guerre de Libération, ce sont des enfants à peine âgés de 7 ou 8 ans qui faisaient le guet à l’entrée du village pour annoncer une éventuelle entrée des soldats français. L’école est alors désertée par ses occupants jusqu’à la prochaine accalmie.
En 1958, il prend parti avec éclat, mais non sans profond déchirement, pour l’insurrection algérienne par des conférences et de nombreux articles publiés dans la presse. Ses derniers poèmes – des “chants de guerre” – dénoncent le mirage d’une impossible intégration qui l’a exilé de sa seule patrie, l’Algérie.

“Nous voulons habiter notre nom
Vivre ou mourir sur notre terre mère
Nous ne voulons pas d’une patrie marâtre
Et des riches reliefs de ses festins
Nous voulons la patrie de nos pères
La langue de nos pères
La mélodie de nos songes et de nos chants
Sur nos berceaux et sur nos tombes
Nous ne volons pas errer en exil
Dans le présent sans mémoire et sans avenir.
Ici et maintenant, nous voulons,
Libres à jamais sous le soleil, dans le vent, la pluie ou la neige,
Notre patrie, l’Algérie.”

Le Combat algérien (1958)

Jusqu’à quand l’Algérie continuera-t-elle à se permettre des proscriptions de noms, des scotomisations de mémoires et des “omissions” dommageables pour la culture nationale ? La réconciliation entre Algériens n’est-elle pas également cette façon d’assumer dans son sa totalité notre héritage culturel, notre histoire et les couleurs de notre présent ? Une Journée du savoir où se côtoieraient, comme un spectre diapré, Abdelhamid Ben Badis et Jean Amrouche, serait-ce une hérésie ?




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