L’art de tout voir

Les techniques de classe en FLE s’inspirent souvent des pratiques théâtrales. Développons la vision périphérique grâce à un jeu théâtral dans le but d’impliquer et de valoriser tous les apprenants.
La vision périphérique dans le théâtre
Un comédien se positionne sur la scène exactement à l’endroit où il faut sans regarder ses pieds alors que lui et le metteur en scène y ont mis des repères avant la représentation. Comment les voit-il sans les regarder ? C’est la vision périphérique bien développée qui aide les acteurs dans leur métier. Effectivement, la vision périphérique permet de voir ce qui se situe au bord du champ de vision. Même quand l’œil s’arrête sur un point de fixation, la vision périphérique y ajoute des détails perçus dans le reste du champ de vision.
Dans la classe
Les enseignants ne sont-ils pas censés porter la casquette de comédiens ? Tout comme les bons acteurs qui donnent l’impression à chaque spectateur qu’ils jouent pour lui, un bon enseignant balaye du regard l’ensemble de la salle lorsqu’il s’exprime. Cependant, il a un regard figé sur l’apprenant qui prend la parole. Même s’il est naturel de le regarder, il ne faudrait pas que les autres apprenants restent dans l’angle mort de l’enseignant. Voici un exercice simple pour tester sa vision périphérique dans la classe. Après le cours, posons-nous la question, « A quel point est-ce que je peux décrire précisément tout ce que les apprenants ont fait aujourd’hui dans ma classe ? »
Des écueils et leurs conséquences
La réponse à cette question pourrait être négative pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, il est très tentant de se fixer sur un apprenant qui parle volontiers. C’est souvent « le meilleur élève » et pour certains enseignants, il leur renvoie une bonne image d’eux-mêmes car il incarne leur « réussite ». Il rassure un enseignant débutant angoissé aux mains moites et au cœur qui bat la chamade.
Des bénéfices
Evitons ces pièges qui laissent les apprenants forts monopoliser la parole aux dépens des plus timides et des plus faibles qui rentreraient aussitôt dans leurs coquilles. Grâce à la vision périphérique développée, un enseignant arriverait à mieux distribuer la parole parce qu’il aurait capté du coin de l’œil de moindres mouvements d’un autre apprenant qui s’impatiente pour intervenir.
Dans les établissements où le public est captif, les enseignants ont régulièrement affaire à des apprenants perturbants. Il serait facile de les contrôler. En effet, au bout de quelques jours, il arrive souvent qu’un enseignant avec une bonne vision périphérique crée l’illusion chez ses apprenants qu’il peut toujours tout voir. Du coup, il n’est plus difficile de maintenir la discipline en classe.
Comment développer la vision périphérique
Voici un jeu théâtral que les formateurs de formateurs pourraient utiliser.
Les participants sont debout en cercle. L’animateur-formateur dispose de plusieurs ballons de couleurs et de textures différentes.
• Il en prend un, le jette à un participant. Celui-ci le jette à un autre et ainsi de suite. Le ballon revient à l’animateur. Chacun retient qui lui a envoyé le ballon et à qui il l’a jeté.
• L’animateur jette le deuxième et puis le troisième ballon. On répète l’activité mais en créant un ordre différent avec chaque ballon.
• Ensuite, l’animateur jette le deuxième ballon avant que le premier lui est revenu. C’est-à dire, plusieurs ballons sont échangés en même temps par les participants qui doivent utiliser le champ de vision entier afin de pouvoir attraper et jeter chaque ballon.
Dans un match de football, ne pas concéder un but est aussi important que marquer un but. Pour cela, les joueurs suivent le ballon sans perdre de vue leurs adversaires. De même, pour nous, les enseignants, il est impératif de ne pas ignorer les apprenants faibles restant à la périphérie pour se concentrer sur la réussite de ceux qui occupent déjà le devant de la scène.

Prachee Palsule / 14 novembre 2015




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